Résumé des épisodes précédents : Lors d’une réunion organisée au service le 13 novembre dernier par la DISP de Rennes et consacrée aux Règles européennes relatives à la probation (REP), la très grande majorité des agents du SPIP du Maine-et-Loire a décidé, après la lecture d’une déclaration liminaire, de quitter la salle pour dénoncer la dégradation de ses conditions de travail. L’Administration a sanctionné ces 23 mutins d’une retenue sur salaire d’un trentième.
Aujourd’hui 12 mars, la DISP revient au SPIP du Maine-et-Loire délivrer la leçon qu’elle n’a pas pu donner en novembre. Avant de débuter, permettez-nous de vous éclairer sur l’évolution du service depuis quatre mois. Tout d’abord, la retenue du trentième est tombée. Sur le traitement de janvier. Les recours hiérarchiques que nous avons tous formés n’ont reçu aucune réponse. Nous allons saisir le tribunal administratif et, la DAP le sait, nous allons obtenir gain de cause car cette sanction pécuniaire est infondée et illégale. Rappelons-le, après avoir quitté la réunion, nous avons tous repris notre activité à nos postes de travail respectifs.
Et puis, au-delà de la sanction disciplinaire déguisée prise à notre encontre, notre interpellation n’a suscité absolument AUCUNE réaction de notre Administration. Pas même un déplacement du Directeur interrégional. Ou de son adjoint qui pourtant devrait avoir une oreille attentive aux problématiques des SPIP. Mais non : RIEN.
Alors nous allons le redire pour la enième fois : le SPIP du Maine-et-Loire souffre d’un manque criant de personnel, et surtout, de CPIP. Cette situation qui dure depuis longtemps – avec encore davantage d’acuité après le non renouvellement de quatre contractuels en août 2013 – génère de la fatigue chez les agents, de la tension, une forme de pression et beaucoup d’insatisfaction.
La situation en ressources humaines du service est aujourd’hui pire qu’elle ne l’était en novembre dernier : une collègue CPIP est partie en disponibilité en janvier, une autre en congé maternité. Le pôle secrétariat est aujourd’hui mieux loti mais il a été tellement dépourvu durant des années.
A cet état des lieux il faut ajouter récemment l’arrêt-maladie d’une collègue et un épuisement important chez plusieurs autres laissant craindre que des absences ne se multiplient.
Depuis le début de l’année, et pour faire face à la dégradation des conditions de travail et à l’usure des personnels, notre direction a pris plusieurs décisions :
le rythme normal des convocations a été fixée à trois mois,
l’expérimentation autour des outils d’évaluation que nous menions depuis un an a été suspendue,
le PPR « violences conjugales et intra-familiales » conduit en milieu ouvert depuis 2009 a été interrompu et celui qui devait débuter en début d’année 2015 à la maison d’arrêt – inspiré du programme Parcours de Denis Lafortune – est également reporté sine die.
Toutes ces décisions vont bien évidemment à l’opposé des recommandations du Conseil de l’Europe relatives à la probation. Au quotidien nous veillons pourtant à nouer une relation positive avec les personnes suivies, à faire preuve de bienveillance et nous sommes convaincus du bien fondé de ces méthodes de travail : approche motivationnelle, co-élaboration d’un plan de prise en charge avec l’usager et prise en compte des facteurs de risque comme des facteurs de protection. Mais le manque d’ambition de notre institution ne permet absolument pas de développer ces pratiques.
Nous connaissons déjà les réponses qu’on va nous opposer : quatre créations de postes sont prévues pour le SPIP 49 en septembre 2015 et le nombre de personnes prises en charge au service n’est pas si élevé que ça.
Nous tenons d’abord à dire que l’arrivée de quatre nouveaux collègues au service – si elle se confirme – nous fera bien évidemment beaucoup de bien, mais ces créations constitueront tout juste un rattrapage. Par ailleurs il faut rappeler que les chiffres APPI ne disent pas tout, et absolument rien du contenu des suivis. Nous avons développé au service un certain nombre de compétences, acquis des savoir-faire, initié et entretenu des partenariats qui alimentent l’accompagnement des personnes suivies. Notre service a essayé, compte tenu de ses modestes moyens, de mettre concrètement en œuvre les principes qui fondent les recommandations européennes en matière de probation. Mais nous devons aussi faire face à la dégradation des situations sociales des personnes suivies, avec une précarité qui s’est installée, un chômage endémique, des familles particulièrement touchées par la crise avec les conséquences que l’on connaît (addictions, violences conjugales, carences éducatives repérées, etc…).
Le SPIP du Maine-et-Loire était un service ambitieux. Ce n’est plus le cas. Les personnels ont aujourd’hui le sentiment de subir et ne se sentent plus en capacité d’anticiper. Nous ne travaillons plus en sécurité. Nous attendions tous la réforme pénale prononcée l’été dernier et nous faisons aujourd’hui le constat que le manque de moyens humains met à mal les ambitions affichées. Pour ne parler que de la maison d’arrêt, les mesures de libération sous contrainte mobilisent énormément les collègues et entraînent une surcharge de travail qui n’a absolument pas été anticipée.
L’état actuel du service est propice au développement de troubles psychosociaux chez les personnels.
Pour finir, nous tenons également à dire que nous avons ressenti du mépris, un manque de respect et une absence de considération après la sanction prononcée à notre encontre. La seule réponse à nos questionnements aura été une sanction financière. Nous tenons d’ailleurs à remercier les collègues et les équipes qui nous ont manifesté leur soutien et leur solidarité. De nombreux personnels se sont visiblement reconnus dans notre mobilisation.
Notre action du mois de novembre n’était pas un mouvement d’humeur. Nous réclamons seulement des conditions satisfaisantes pour exercer correctement nos missions. Aujourd’hui nous n’allons pas quitter la salle. Nous nous questionnons cependant sur l’intérêt de cette réunion au SPIP du Maine-et-Loire : en quoi une information aux REP est-elle pertinente dans un service qui est déjà sensibilisé à ces questions ? En quoi ce chantier est-il prioritaire alors que le service affronte une situation déjà très tendue dans un contexte difficile ? Quelles réponses concrètes l’Administration est-elle prête à apporter pour que nos prises en charges s’effectuent dans les meilleures conditions possibles, en application des REP ?
Cette déclaration sera rendue publique.
La CGT et l’UFAP