L’administration pénitentiaire rouvre les QHS !

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Au SPIP d’Ille-et-Vilaine, le cadeau de noël est amer… L’équipe du milieu fermé de
Rennes-Vezin a appris, au début de l’année, qu’un nouveau quartier ouvrait au CPH : une
Unité pour Détenus Violents (UDV). La direction du SPIP demandait à ce que deux
travailleurs sociaux se positionnent pour en devenir les « référents », sans plus ample
information de ce qu’ils étaient censé y faire. A l’heure actuelle – nous allions dire bien sûr… –aucun collègue ne s’est déclaré candidat. Mais candidat à quoi ?

Pourquoi une UDV ? La création de ce type d’unité ultra-sécurisée résulte directement du
protocole signé par l’UFAP seule, à la suite du mouvement social des surveillants de janvier
2018. Grâce à l’UFAP, on rouvre les QHS ! Merci l’UFAP ! Cette organisation, qui
s’enorgueillit de faire tant pour les SPIP, s’est tout de même bien gardée de savoir quels sont exactement les métiers des SPIP, et singulièrement des CPIP. A la lecture de la doctrine d’emploi de la DAP de novembre 2018, il apparaît en effet que les CPIP ne sont utilisés QUE – et EXCLUSIVEMENT – pour des questions de gestion de détention.

L’évaluation pluridisciplinaire initiale n’a pour vocation unique que de déterminer le risque d’un nouveau passage à l’acte violent en détention, de comprendre les raisons de la violence en détention dans l’établissement d’origine, d’apprécier « la nature du parcours incidentiel » en détention, etc., etc.
Pour ce faire, les CPIP devront remplir des outils « spécifiquement élaborés nécessitant la
tenue d’entretien plus poussés », et seront spécialisés « sur la question de la lutte contre les violences en détention. »

Bref… Il y a 71 000 détenus pour 55 000 places ; les établissements pénitentiaires craquent de partout ; les conditions de travail en détention s’en trouvent
fortement dégradées ; les violences des personnes, de l’institution, dans la relation, sont
exacerbées – mais voilà, miracle ! Le SPIP va aider à calmer tout ça !
Ah oui, sinon, au passage – quand même : « le suivi ou non [sic…] par ces mêmes
personnels de ces détenus sur le plan de l’insertion et de la probation dépend de
l’organisation locale du SPIP considéré. »

Pacifiez d’abord la détention, pour votre travail
quotidien et vos missions – « ou non », d’ailleurs – vous verrez plus tard !
Le tout sur fond de paranoïa archisécuritaire dans l’air du temps, de passe-menottes,
d’équipes d’intervention casquées, de bureaux d’entretien fermés, d’isolement, de cour de
promenade spécifique – cela s’appelle un QUARTIER DE HAUTE SECURITE ! Considéré
comme du traitement inhumain et qui broie les individus, Badinter les avait fermés en 1982.
Grâce à l’UFAP, la DAP les rouvre 36 ans plus tard.

NOUS RAPPELERONS DONC QUE LES MISSIONS DES SPIP SONT
CENTRÉES, EN DÉTENTION, SUR LA PRÉPARATION A LA SORTIE, LE
MAINTIEN DES LIENS FAMILIAUX, LES ACTIVITÉS CULTURELLES, LA
LUTTE CONTRE LES EFFETS DÉSOCIALISANTS LIÉS A
L’INCARCÉRATION, BREF À LA MISSION DE RÉINSERTION SOCIALE
DE L’ADMINISTRATION PÉNITENTIAIRE !

PREVENIR LA RÉCIDIVE, C’EST FAVORISER LA RÉINSERTION DU
PUBLIC DÉTENU. COMMENT PENSER NOTRE PLACE DANS UN
Q.H.S. ? QUID DU SPIP VERSÉ SUR LA GESTION DE LA
DÉTENTION ? QUANT A LA FAMEUSE AUTONOMIE DES SPIP,
PRÔNÉE CONSTAMMENT PAR LA HIÉRARCHIE, ELLE SAIT
VISIBLEMENT SE PLIER AUX PRIORITÉS INSTITUTIONNELLES !
OR LES Q.H.S. NE SONT PAS LA PRIORITÉ DE LA CGT ! LES
COLLÈGUES INTERVIENDRONT COMME ILS INTERVIENNENT
PARTOUT AILLEURS, AVEC LES MÊMES MISSIONS ET LA MÊME
DEONTOLOGIE !

Rennes, le 22 janvier 2019