À l’heure où des faits très graves de violence sexuelle sont dénoncés à Agen, l’école nationale de l’administration pénitentiaire et le directeur de l’administration pénitentiaire ont choisi leur camp :
celui du silence, du déni et du dénigrement des victimes. Et ça, ça ne passera pas!
Quand le DAP écrit « ces faits inadmissibles ont fait l’objet d’un dépôt de plainte (…) une enquête est en cours », on serait légitimement en droit de penser qu’il appelle de ses vœux que toute la lumière soit faite sur les faits dénoncés d’agression sexuelle. Quelle naïveté ! En réalité, il s’attaque aux colleuses, ces dangereuses délinquantes qu’il faut vite arrêter. Pour lui, les faits inadmissibles ne sont pas les agressions sexuelles qui auraient pu avoir lieu sur le site de formation des personnels pénitentiaires, pour lui, l’inadmissible, c’est d’en parler. Après les espoirs suscités par le mouvement MeToo, retour aux pires heures du patriarcat en quelques lignes !
Monsieur le directeur de l’administration pénitentiaire, pensez-vous sincèrement que l’engagement soit suffisant concernant la lutte contre les violences sexuelles et que l’écoute soit si attentive pour que les victimes ne trouvent pas d’autres solutions que cette dénonciation par voie d’affichage ?
Pensez-vous que la réponse adéquate soit le lien intense de vos services de communication avec ceux de l’ENAP pour « gérer » cette situation ? Pensez-vous que les déplacements de vos chefs d’unité tout au long de la journée auprès des élèves aient eu réellement pour but de rappeler que chaque victime peut bénéficier d’un accompagnement et d’un soutien ? Pensez-vous vraiment que ces affiches portent atteinte à la dignité des élèves et des personnels de l’ENAP ? Eh bien nous vous le disons haut et fort, la réponse est NON !
La dignité, c’est le respect et la prise en compte de ceux et celles qui dénoncent des faits de violence.
La dignité, c’est regarder en face la réalité.
Les retours que nous avons de certains élèves sont inquiétants pour ne pas dire révoltants. Il semblerait qu’on cherche les « coupables ». Mais vos coupables ne sont pas les nôtres et nous ne vous laisserons pas faire sans réagir. Une fois de plus, l’institution est plus attachée à effectuer des rappels au statut spécial qu’à l’ouverture d’un échange sur le vécu des élèves et stagiaires. ll est vrai que pour la petite muette, tant qu’on ne parle pas des problèmes ils n’existent pas…
Nous avons d’autres ambitions pour ceux et celles qui doivent œuvrer à la réinsertion des personnes condamnées par la justice. Nous avons le projet de la parole, de l’échange, même et surtout quand c’est difficile.
Votre chasse aux sorcières tombe mal car nous, on adore les sorcières !
À la CGT IP, on soutiendra toujours ceux et celles qui se lèvent pour dénoncer des faits graves de violence sexuelle et qui se heurtent à votre violence institutionnelle.
Vous avez choisi votre camp, nous aussi !
Pour rappel, être victime de violence sexuelle a de nombreuses répercussions dans la vie, tant
psychique que physique, mais aussi sur la vie sociale ; leur révélation ne peut pas être balayée
d’un revers de main comme vous êtes en train de le faire. C’est votre responsabilité, réveillez-vous !