La CGT insertion et probation de Basse-Normandie exprime sa plus grande inquiétude au sujet des équipes milieu fermé du SPIP de l’Orne. L’agression récente de l’une de nos collègues met en exergue un contexte de travail difficile, générateur de tensions avec les personnes détenues.
Un contexte de travail insupportable
Les équipes évoluant au CD d’Argentan et à la MC de Condé sur Sarthe sont épuisées, bien seules face à leur sort. A Argentan, une partie des collègues du SPIP ont été évacués du Centre de Détention, coupant l’équipe en deux… Et ceux qui restent doivent se contenter de minuscules bureaux…. Ils doivent également faire face à l’évolution de la population pénale, de plus en plus proche d’une Maison d’Arrêt et de plus en plus éloigné de la vocation de réinsertion d’un Centre de Détention. L’obligation de travailler en flux tendu, dans l’urgence du fait des sorties proches et des exigences des JAP, ne peut que contribuer à un climat tendu en détention.
Les CPIP sont en en première ligne et leur sécurité est mise à mal comme l’a malheureusement démontré l’agression de l’une de nos collègues, à laquelle la CGT insertion et probation apporte tout son soutien.
A la Maison Centrale de Condé, établissement ô combien « sensible », l’équipe se retrouve en effectif réduit (un CPIP en arrêt, départ du DPIP) et doit ainsi concilier augmentation des effectifs pour chaque agent, prise en charge des programmes de « désengagement de la violence » et préparer la création du « quartier pour détenu violent ». Tout cela à 2 !
Comment croire que cela n’entraînera aucune difficulté dans la prise en charge des personnes détenues, donc à des tensions importantes avec un public particulier ? Les collègues du QPA ressentent également les effets négatifs de cette situation, et sont eux aussi au bord de l’épuisement.
Aucune solution n’est proposée.
D’une façon générale, les CPIP de l’Orne ont le sentiment d’être bien seuls, sans soutien suffisant de leur hiérarchie et de leur administration, sans méthode de travail adaptée aux réalités et à la population pénale, sans prise en considération de leurs conditions de travail (charge de travail, sécurité, prise en compte des risques psycho-sociaux…). Alors que ces personnels veulent s’investir, leur poste actuel est tout sauf attractif.
Quelle place pour les SPIP en milieu fermé ?
Pour la CGT insertion et probation, c’est la question générale de la place des SPIP en milieu fermé qui est ici cruellement posée. Si notre administration a beaucoup glosé sur les RPO, les « nouvelles méthodologies d’évaluation », elle ne propose aucun « guide » concret sur la prise en charge des personnes détenues, sur l’organisation des équipes en milieu fermé, sur l’articulation du SPIP avec la direction des établissements et les JAP, sur le nécessaire rôle de pilotage au quotidien des cadres de proximité, sur la nécessité de « reposer » les équipes confrontées à des conditions de travail extrêmes. La question du traitement par la hiérarchie locale des sur-exigences récurrentes des directions des établissements et des JAP se pose également avec acuité. Pour la CGT, ce traitement, souvent inexistant actuellement, ne peut se faire uniquement que dans le souci de protéger les équipes déjà trop exposées.
L’absence de prise en considération des risques psycho-sociaux
C’est aussi la question de la prévention des risques psycho-sociaux qui doit être enfin entendue. Le constat est rapide et sans appel : les équipes n’en peuvent plus. Doit-on attendre que tous les collègues du MF de l’Orne craquent pour que notre administration prenne conscience du problème? Il nous paraît urgent que des espaces de discussion constructifs et réguliers soient créés, afin que les professionnels au plus près des réalités soient enfin écoutés. Des modalités d’intervention doivent en découler, toujours en adéquation avec les capacités du service, éventuellement sous la forme d’un service « dégradé ». Ces modalités d’intervention pourront ensuite utilement être exposées aux directions des établissements et aux JAP.
C’est pour nous la seule façon que les agents soient protégés et sécurisés dans leur pratique, enfin concentrés sur leur mission de réinsertion.
Enfin, l’épuisement professionnel doit être pris en compte dans les procédures de mobilité interne. Avec tout cela, peut-être qu’ainsi les postes en milieu fermé deviendraient enfin attractifs, évitant ainsi le départ de collègues épuisés.
La CGT insertion et probation de Basse-Normandie exprime de nouveau sa vive inquiétude quant à la situation d’épuisement des collègues du MF de l’Orne.
Il est urgent que :
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la médecine de prévention intervienne,
la hiérarchie locale et interrégionale organise en urgence une rencontre avec les agents pour définir des modalités de travail adaptées aux réalités,
les équipes soient renforcées,
les acteurs institutionnels soient informés de la situation et des nouvelles modalités de travail.
Caen, le 20 mars 2017