FRANCE CULTURE
Vendredi 4 novembre 2016 Journal de 9h à 1’20 pour écouter intervention de la CGT insertion probation : budget justice https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-9h/journal-de-9h-vendredi-4-novembre-2016
LIEN SOCIAL
10 OCTOBRE 2016
Tirs à boulets rouges sur le budget 2017 de la Justice
Malgré une augmentation de 320 millions d’euros, le budget 2017 de la Justice, présenté fin septembre par le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, suscite de nombreuses critiques au sein des Services pénitentiaires insertion et probation (SPIP).
Si l’UFAP UNSA Justice salue la rallonge budgétaire, le syndicat déplore sa répartition et réaffirme que « les SPIP se refusent à rester, encore et toujours, sur la paille… » Le premier syndicat de l’administration pénitentiaire rappelle que « les différentes structures pénitentiaires sont devenues de véritables pétaudières tellement la surpopulation pénale y est importante » et dénonce une précarisation du personnel d’insertion et de probation.
De son côté, la CGT insertion-probation constate qu’avec un budget total de 6,9 Milliards d’euros, « la France est loin, très loin, d’atteindre la position des ministères de la justice les mieux dotés en Europe et souffre toujours d’un service public de la Justice exsangue ». D’autant que cette somme doit être amputée de 1,153 milliard d’euros pour l’achat de terrains permettant de créer 10 000 nouvelles places de prison, comme l’a annoncé le gouvernement.
Une impasse « coûteuse et inefficace »
Cette politique du « tout carcéral » avait pourtant été fermement dénoncée quelques jours auparavant dans un communiqué, signé notamment par le Syndicat de la magistrature : « À l’heure où plusieurs de nos voisins européens ferment des prisons, où les États-Unis réalisent que l’incarcération de masse les a menés dans une impasse coûteuse et inefficace, la France, elle, fait le choix d’une continuité aux coûts économiques, sociaux et humains exorbitants ».
Les choix budgétaires ne s’orientent donc pas vers la prévention, l’accompagnement et le suivi en milieu ouvert, au grand dam des professionnels du secteur.
ASH
paru le 30 septembre 2016
La CGT Insertion probation critique un rapport sur l’évaluation des personnes sous main de justice
Par Marie-Annick LEBRIS
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Cellules supplémentaires : une défaite de la politique pénale : cliquer ici
Associations et syndicats sont vent debout contre les mesures annoncées par le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas.
Dès le 11 septembre, Manuel Valls appelait à davantage de places en prison. Ce n’est donc pas une surprise si son ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a annoncé, ce mardi depuis la prison de Fresnes, la création de 10 300 à 16 100 cellules supplémentaires d’ici 2025. Une mesure à 3 milliards d’euros qui s’inscrit dans un contexte du tout sécuritaire et qui fait suite à la parution d’un rapport sur l’encellulement individuel.
Motif : la surpopulation carcérale (1). Au 1eraoût, elle s’élevait à 68 819 détenus pour 58 507 places. Soit un taux de densité grimpant à 117,6% (qui atteint les 200% selon les maisons d’arrêt). Il était à peu près identique il y a trois décennies. 22 000 nouvelles places ont été construites ces 25 dernières années. Autant donc parler d’orientation qui a démontré son inefficacité et d’un échec bien installé et répété.
Cette volonté d’agrandir une nouvelle fois le parc immobilier carcéral, comme seule réponse à la surpopulation, révèle l’échec des politiques pénales successives, celui du sens de la peine à donner, celui de la lutte contre la récidive au profit de lois répressives. Sachant que 61% des personnes condamnées à une peine de prison ferme sont réincarcérées dans les cinq ans. Des chiffres qui tombent à 34 et 32% pour une peine alternative à la prison comme le travail d’intérêt général ou le sursis avec mise à l’épreuve.
Face aux décisions du ministère de la Justice, syndicats et associations ont choisi d’interpeler les pouvoirs publics pour une réorientation des priorités budgétaires. Une conférence de presse tenue symboliquement depuis un centre d’hébergement et de réinsertion sociale destiné aux détenus placés en milieu ouvert, dans le 13e arrondissement parisien, réunissant notamment le Syndicat de la magistrature, l’association nationale des juges de l’application des peines, Ban public, l’Observatoire international des prisons (OIP), Le GENEPI, la LDH et la CGT-Insertion probation.
Tandis que Nicolas Ferran (OIP) a dénoncé d’emblée« l’inscription de façon assumée à une course carcérale sans fin, engloutissant les budgets de l’administration pénitentiaire, une course qui n’a jamais permis de sortir de ce fléau qu’est la surpopulation, et il n’y a aucune raison que ces nouvelles cellules jugulent ce fléau ».
Laurence Blisson (secrétaire générale du Syndicat de la magistrature) a relevé que Jean-Jacques Urvoas « n’évoque jamais les causes de la surpopulation. Elle naît du choix de la politique pénale menée dans les années 2000, avec une échelle de peines croissante, des incivilités qui se soldent par de nouvelles infractions pénales, avec de possibles peines d’emprisonnement ».
Un durcissement de politique pénale évident en matière de stupéfiants, mais aussi pour des infractions sur la voie publique qui appellent à plus d’autorité judiciaire menant, par exemple, à la comparution immédiate et qui, dans l’ensemble, a littéralement rempli les prisons.
Autre cause de la surpopulation, précise le syndicat, « la mise à exécution d’emprisonnement pour les courtes peines et la diminution des aménagements de peine et des sorties ». De fait, « le remède réside dans une politique réductionniste, dans l’aménagement des peines, et bien évidemment dans le travail de suivi et de réinsertion ».
Un regard que partage Sarah Silva Descas, conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CGT-Insertion probation), qui a rappelé qu’à peine « 100 personnes ont été recrutées dans un secteur qui sort de six mois de bras de fer avec le ministère, contre les 1 000 promis à l’arrivée de Christiane Taubira à la Justice ». C’est ainsi que, au cœur de « services à l’agonie », les conseillers se retrouvent à gérer 100 à 120 dossiers par mois.
Sarah Silva Descas a tenu à souligner aussi que le budget de l’insertion probation représente 1,9% seulement du budget de l’administration pénitentiaire. « On ne sert qu’à gérer les flux de la population pénale, comme des rustines, nous sommes dans l’urgence, jamais dans la construction pérenne et à long terme. » Sur la question de surpopulation carcérale, malheureusement résumée à une affaire de cellules, en effet, « l’insertion, la réinsertion et la probation ne sont jamais abordées », a-t-elle ponctué, plaidant pour la nécessité de « miser sur les milieux ouverts, les seuls qui marchent ».
Juge d’application des peines, Jean-Claude Bouvier est bien placé pour l’observer. Pour observer la difficulté à préparer la sortie pour nombre de détenus, « faute de moyens, de relais, de prises en charge efficaces à l’extérieur ». Car la sortie de prison (pour éviter la récidive) se prépare aussi à l’extérieur, à travers des centres de soins et d’hébergement. « Ce qui exige aussi des moyens, un maillage social conséquent, des dispositifs d’intervention interdisciplinaires, des équipements. D’où le besoin d’un engagement fort de l’État. Mais, assurément, on aura encore moins de chance d’avoir ces moyens si des budgets colossaux sont réservés à la construction de cellules. »
Cette situation délicate à l’extérieur a conduit naturellement à évoquer la contrainte pénale, introduite par la loi Taubira en 2014, précisément pour désengorger les prisons. Elle n’est pas appliquée, ou subit « la frilosité des magistrats », a convenu Jean-Claude Bouvier. Mais si elle n’est pas appliquée, c’est parce qu’on ne lui a pas donné les moyens de s’appliquer à tous les délits. C’est aussi à cause d’un manque de délais, d’outils administratifs et surtout, d’après Jean-Claude Bouvier, à cause « de ce manque de prise en charge à l’extérieur qui permettrait de justifier cette mesure », à côté d’autres peines d’aménagement qui existent déjà. « On n’est qu’aux balbutiements de ces aménagements », poursuit-il. En attendant, « les mesures de M. Urvoas sont décourageantes, car son chantier démesuré s’établit au détriment de la réinsertion ».
En fin de mandat, en 2012, Nicolas Sarkozy avait programmé la création de 20 000 places supplémentaires. Un projet vite abandonné par Christiane Taubira. Qui revient donc aujourd’hui. Ce n’est pas seulement un revirement. C’est aussi la défaite définitive de l’ancienne garde des Sceaux face à Manuel Valls. On peut aussi y voir clairement une mesure électoraliste. Dans tous les cas, plus on construit, plus en enferme.
(1) Le principe de l’encellulement individuel est inscrit dans le droit depuis… 1875 !
Revue DALLOZ Surpopulation carcérale : le plan ambitieux et onéreux de Jean-Jacques Urvoas
Le garde des Sceaux a annoncé hier la création de 10 300 à 16 100 cellules, pour atteindre 80 % d’encellulement individuel. La mise de départ, pour ce projet colossal, s’élève à 1,1 milliard d’euros.
La maison d’arrêt de Fresnes offrait la symbolique pour accueillir, mardi matin, la présentation par le garde des Sceaux d’un rapport sur la lutte contre la surpopulation carcérale. C’est un très vieil établissement (1898), vétuste, qui fait l’objet de promesses de rénovations depuis Élisabeth Guigou (1998), mais dont l’insalubrité ne valait pas celle de ses voisines de Fleury-Mérogis ou de Paris (la Santé), et qui devra donc attendre. Elle pourrait accueillir 1 607 détenus, mais en héberge 2 829, soit un taux de 176 %, contre une moyenne de « seulement » 138,2 % dans les maisons d’arrêt de métropole (134,1 % Outre-mer), et 166 % en Île-de-France. Fresnes est également l’un des trois premiers établissements qui a accueilli, depuis janvier 2016, les « unités dédiées » aux détenus radicalisés, dont l’existence est aujourd’hui questionnée, après qu’un surveillant fait l’objet d’une tentative de meurtre – et que ses collègues eurent crié leur peur et leur colère d’y travailler.
C’est dans ce climat que Jean-Jacques Urvoas a annoncé un plan ambitieux contre le fléau de la surpopulation carcérale. « L’enfermement, a dit le ministre, n’est pas la peine, c’est le lieu où l’on exécute la peine. » Il a placé les notions de dignité et la problématique de la réinsertion au cœur de son discours, insistant sur la nécessité impérieuse de tendre vers un objectif de 80 % d’encellulements individuels. Au 1er août 2016, la population détenue s’élevait à 68 819, dont 26 800 étaient seuls en cellules. Dans les maisons d’arrêt, le taux est de 19,9 %. La chose est connue : les détenus sont parfois 3, 4 ou plus par cellule de 9 m2, dont certains dorment sur des matelas, ont des sanitaires hors service, sans porte et cohabitent avec la vermine. Pour ces conditions indignes, l’État a déjà été condamné à maintes reprises par la Cour européenne des droits de l’homme (par ex. 25 avr. 2013, Canali c/ France, n° 40119/09, Dalloz actualité, 3 mai 2013, obs. M. Léna ; AJ pénal 2013. 403, note J.-P. Céré ) et par la juridiction administrative (V. Dalloz actualité, 18 janv. 2013, obs. D. Necib ; ibid., 29 oct. 2014, obs. M. Léna ; ibid., 30 juill. 2015, art. J. Mucchielli ; ibid., 20 janv. 2016, art. M. Babonneau )
Le rapport fait un constat : la population carcérale a considérablement cru depuis une trentaine d’années. De 30 850 au cours de l’année 1981, elle a donc plus que doublé, pour atteindre le score actuel. « Pour la simple période 1995-2016, cette augmentation s’est élevée à 19,3 % tandis que la population française ne connaissait qu’une croissance légèrement supérieure à 12 % », est-il écrit. Le rapport en liste les raisons : la suppression des lois d’amnistie, le durcissement de la législation pénale – les peines planchers crées en 2007 (puis supprimées) –, le nombre de peines de prison prononcées (10 % d’augmentation entre 2002 et 2014).
Une loi de programmation pour un plan sur dix ans
La surpopulation est aujourd’hui de 118 %. Pourtant, les ministres de la justice successifs, depuis trente ans, ont annoncé l’élargissement du parc carcéral. Mais, note le rapport, « le trop grand décalage entre les paroles et les actes a brouillé durablement la lisibilité de l’action publique », et les promesses n’ont pas été tenues. Alors pour atteindre le taux d’encellulement individuel, Jean-Jacques Urvoas a annoncé sa volonté de lancer la création de 10 300 à 16 100 cellules. « Nous quittons le royaume de l’incantation pour énumérer les solutions », a proclamé le ministre. Le coût de cet ambitieux projet, « pour en finir avec la surpopulation carcérale », est nécessairement élevé. Quelque 1,1 milliard pour engager les travaux, a annoncé le ministre. Pour ce plan de grande envergure, il envisage d’user d’une loi de programmation, curieusement inusitée par son ministère pourtant « premier constructeur immobilier de l’État » : celle-ci permet de budgétiser sur plusieurs années la somme utile à la construction de ces places, travaux colossaux qui prendront nécessairement beaucoup de temps. Probablement jusqu’à 2025, alors que le moratoire qui autorise de déroger à la loi sur l’encellulement individuel (qui date de 1875), renouvelé fin 2014, court jusqu’au 31 décembre 2019. Il faudra donc probablement le renouveler. La priorité sera accordée aux régions les plus durement touchées par la surpopulation, soit la région de Toulouse, la PACA et l’Île-de-France, qui bénéficieront à elles trois de 3 800 cellules supplémentaires.
Cellules vides et violence
Jean-Jacques Urvoas a estimé nécessaire également d’optimiser l’utilisation de l’espace actuel, alors que 2 300 cellules sont vacantes. « Il faut bâtir une doctrine architecturale » avec deux objectifs en tête : que les détenus purgent leur peine et qu’ils puissent se réinsérer. Contre ce que l’ex Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) Jean-Marie Delarue avait appelé « l’industrialisation de la captivité », le rapport souligne qu’il faut « bâtir des stratégies pour humaniser les établissements et renouer avec la dimension symbolique de la prison républicaine ». Il s’agit de « préférer une conception sur mesure et un aménagement aéré » au lieu d’une « conception standardisée et fonctionnaliste ». Sur les 186 établissements existants, 120 ont été bâtis avant 1920 et 15 avant 1830. Et 58 % n’ont pas été construits pour être des prisons.
Outre la violence en prison qui ne cesse d’augmenter (4 000 agressions de surveillants en 2015 dont 158 à Fresnes), se pose également la problématique des détenus incarcérés pour des faits en relations avec une infraction terroriste. Ils sont actuellement 341, et augmentent très vite. On estime à 3 327 le nombre de détenus radicalisés. Les structures dédiées sont onéreuses et non sans poser des problèmes en terme de sécurité pour les surveillants, qui s’en plaignent bruyamment dans les médias depuis l’attaque d’Osny. Le garde des Sceaux a assuré une nouvelle fois les effectifs des surveillants seraient largement renforcés.
Contre la surpopulation carcérale, la piste de l’aménagement des peines
Enfin, le rapport ne cache pas qu’il a noté une autre piste pour lutter contre la surpopulation carcérale : le recours à l’aménagement des peines. Au 1er juin 2016, 21,6 % des personnes écrouées l’étaient en aménagement de peine (hors liberté sous contrainte), contre 18,6 % au 1er janvier 2012, note le rapport. Il se contente toutefois de faire un état des lieux, constate son utilité pour la réinsertion des personnes condamnées et reconnaît la nécessité de créer plus de structures d’accueil. Mais dans ce domaine, le ministre reste « dans le domaine de l’incantation ». Il s’en est justifié : un rapport sera prochainement rendu (courant octobre) qui fera un bilan de la contrainte pénale, après deux ans en vigueur. Au 15 septembre 2015, soit un an après son application, la direction des affaires criminelles et des grâces en 900 contraintes pénales (V. Dalloz actualité, 5 oct. 2015, art. J. Mucchielli ). Ce sera l’occasion d’une réflexion plus poussée sur les alternatives à l’incarcération.
Alors, comme pour compléter l’intervention du ministre, une conférence s’est déroulée hier après-midi dans les locaux de l’ARAPEJ (Association, réflexion, action prison et justice) qui œuvre à la réinsertion des anciens détenus. Cette réunion était organisée notamment par l’Observatoire international des prisons (OIP), et a vu intervenir Laurence Blisson, juge d’application des peines (JAP) à Créteil et secrétaire générale du syndicat de la magistrature (SM), Sara Silva Descas, conseillère pénitentiaire à Créteil et membre du syndicat CGT insertion et probation, Nicolas Ferran de l’OIP et Jean-Claude Bouvier, JAP à Paris – anciennement à Créteil. Toutes ces personnes ont clairement exprimé leur désaccord avec la ligne gouvernementale, déploré le « tout carcéral » et blâmé le manque d’investissement dans les solutions alternatives, alors que des milliards sont engloutis chaque année par les prisons.
La première a rappelé que « lorsqu’on construit des places de prison, on les remplit. Dans le discours du ministre, la réinsertion, le travail en milieu ouvert est absent. Nous avons voulu remettre la réinsertion au cœur du débat aujourd’hui, faisant intervenir les acteurs qui eux œuvrent à ces mesures. » La directrice de l’association a rappelé qu’une personne condamnée coûte 55 € par jours dans son centre, contre 100 € en détention. Nicolas Ferran a souligné que le taux de récidive, qui atteint 60 % à cinq ans en sortie « sèche », est réduit à 39 % lorsque la personne condamnée a bénéficié d’un aménagement de peine. Jean-Claude Bouvier a narré les difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de sa fonction à faire admettre l’utilité des aménagements, notamment pour les très courtes peines. Un ancien détenu a témoigné, aussi, évoquant la détresse des détenus « paumés » et pris en charge « pas forcément par les bonnes personnes », évoquant de mauvaises rencontres. Et Sara Silva Descas, la conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP), a rappelé la récente mobilisation sociale des CPIP (V. Dalloz actualité, 11 mai 2016, art. J. Mucchielli ), la surcharge de travail (100 à 120 personnes suivies en moyenne, 250 000 dans tout le pays) et l’impact négatif de cette situation ubuesque sur le suivi des personnes – et donc leur réinsertion, et donc la récidive, a parlé finance. Les services pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), rappelle-t-elle, ont un budget annuel de 24,5 millions d’euros, 1,9 % du budget de la justice. « Tout est vampirisé par les prisons », déplore-t-elle.
À titre de comparaison, la Chancellerie paiera 167 millions d’euros en 2016 de loyers au titre des partenariats public privé conclus principalement avant 2012 pour construire, notamment, des prisons.
Les propositions d’Urvoas sur les prisons? Inefficaces selon les associations : cliquer ici
Face aux propositions faites par le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas sur la construction de nouvelles places dans les prisons, plusieurs associations judiciaires, syndicales et humanitaires ont organisé une conférence de presse pour exprimer leur désaccord. Comme elles l’expliquent au JDD, les mesures du ministre leur semblent inefficaces.
Jean-Jacques Urvoas n’a pas convaincu les associations (Reuters)
Un prisonnier par cellule. Une utopie pourtant inscrite dans la Constitution depuis 140 ans. Ce principe a fait l’objet de moratoires successifs dont le dernier repousse son application à janvier 2020. Pendant sa campagne, François Hollande s’était engagé à rendre les prisons françaises « conformes à nos principes de dignité ». Depuis, le nombre de détenus n’a cessé d’augmenter, bien plus vite que le nombre de cellules, accentuant la surpopulation dans les établissements pénitentiaires.
«La solution n’est pas de construire plus de cellules»
En juillet 2016, la France a même dépassé son record du nombre de détenus, atteignant 69.375 personnes. Soit une augmentation de 3,8% par rapport à l’année précédente alors que les places n’ont augmenté que d’1%. Selon le dernier rapport de l’administration pénitentiaire, le taux d’occupation des prisons est de 118%. Il atteint même 150% pour la région parisienne.
Mardi matin, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a fait plusieurs annonces sur le sujet. Son principal effort se concentre sur la construction de places dans les établissements pénitentiaires : 10.300 à 16.100 devraient voir le jour d’ici 2025. Malgré la volonté d’un « engagement législatif durable », le garde des Sceaux précise que ces propositions ne seront pas votées pendant cette législature. Pour que ces mesures ne restent pas vaines, le ministre a plaidé pour l’instauration d’une « loi de programmation sur plusieurs années » permettant d’aller au-delà des enjeux électoraux.
Lire : Urvoas veut « 80% de cellules individuelles »
« Plus il y a de place, plus il y a d’incarcérations »
Des propositions qui sont loin de faire l’unanimité. En parallèle de la conférence de presse du ministre, de nombreuses associations se sont rassemblées pour faire entendre leur opposition. « Plus il y a de créations de places, plus il y a d’incarcération, ce n’est pas la solution », explique Sarah Silva-Descas, conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation.
Sans affirmer directement le lien de cause à effet, Jean-Claude Bouvier, juge d’application des peines au tribunal de grande instance de Paris, constate, lui, que « quelque soit le nombre de places créées, cela n’a jamais permis d’atteindre un encellulement individuel, puisque le nombre de personne incarcéré augmente ».
«La politique pénale actuelle n’est pas assez ambitieuse»
Pour ces experts, la surpopulation est dûe à deux phénomènes, l’allongement de la durée des détentions d’une part – la moyenne est actuellement de dix mois – et l’augmentation du nombre de peines distribuées. « La solution n’est pas de construire plus de cellules, mais de diminuer le nombre de détenus et surtout d’augmenter les moyens pour faciliter la réinsertion et ainsi endiguer la récidive », s’accordent à dire Sarah Sivla-Descas et Jean-Claude Bouvier.
Un investissement incompatible avec la réinsertion
Des alternatives à l’emprisonnement existent, notamment les sanctions en milieu ouvert, mais les magistrats n’en n’ont pas suffisamment recours. « Il faut d’abord pouvoir démontrer leur efficacité afin que les magistrats aient confiance, explique le juge d’application des peines Jean-Claude Bouvier. Or nous avons beaucoup trop peu de moyens – en terme d’équipement et d’effectif – pour pouvoir proposer une prise en charge suffisante. » En région parisienne, les hébergements de semi-liberté sont surchargés, empêchant l’aménagement de peine pour beaucoup de détenus. « La politique pénale actuelle n’est pas assez ambitieuse concernant les peines en milieu ouvert », ajoute Sarah Silva-Descas.
Les milliards d’euros d’investissement annoncés par Jean-Jacques Urvoas pour la création de cellule sont donc perçus comme une erreur. « Tous les politiques admettent qu’il y a un réel besoin dans le suivi et la réinsertion, mais les annonces ne vont jamais dans ce sens », poursuit le juge d’application des peines. « Je ne conteste pas la construction de nouvelles cellules, mais le chiffre annoncé me semble démesuré. Il est impossible de mener de front une politique d’insertion et la création de places », conclut-il.
La surpopulation, une réelle urgence
Parmi les 187 établissements pénitentiaires en France, la surpopulation touche essentiellement les 86 maisons d’arrêt, qui hébergent les personnes qui ne sont pas encore jugées définitivement et les détenus dont les peines ne dépassent pas deux ans. La surpopulation y est devenu un problème urgent.
Kemso mardi à Paris (JDD)
Kemso, ancien détenu ayant écumé la plupart des maisons d’arrêt de l’Ile-de-France, témoigne : « Dans les cellules, ce sont les courtes peines qui sont installées en dernier, sur des matelas au sol. Dans 9m2, et une cellule initialement prévue pour deux, nous étions donc souvent trois. » Devenu comédien et musicien, Kemso n’évoque pas seulement le manque d’espace, mais aussi la souffrance psychologique causée par la surpopulation et le va-et-vient incessant. « Voir des gens débarquer, puis repartir quelques mois après, alors que toi tu restes, c’est dur. »
Plus surprenant, la surpopulation ne toucherait pas aussi durement tous les détenus. « Si on te connait, que tu es respecté, que les gardiens savent que tu as la capacité de soulever les foules, on ne rajoute pas de détenu en plus dans ta cellule », explique ainsi Kemso. A l’inverse, dans les établissements pour peine, c’est-à-dire les centres de détention et les maisons centrales qui accueillent des détenus jugés pour des crimes et non des délits, la densité ne dépassent jamais les 100%, d’après le dernier rapport de l’administration pénitentiaire.
Bracelet électronique
LE POINT
Dossier de 9 pages paru dans l’édition du Point du 1er septembre 2016.
Version imprimable dossier-le-point-bracelet-partie-1
Version imprimable dossier-le-point-bracelet-partie-2
L’OBS
Saint-Etienne-du-Rouvray : le bracelet électronique, comment ça marche ? Le 27 juillet 2016
Adel Kermiche, l’un des deux assaillants de l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray, était assigné à résidence sous surveillance électronique. Le point sur cette mesure.
NEW YORK TIMES
EUROPE
French Ask Whether Priest’s Killer, Listed as a Threat, Could Have Been Stopped
By ALISSA J. RUBIN and ADAM NOSSITERJULY 27, 2016
Lien sur le site du New York Times
En français – Questionnement des français : comment l’assassin du prêtre, connu comme représentant une menace, aurait pu être arrêté ?
Lien sur la traduction de l’article
Version imprimable traduction article du NYT du 27072016
Prison
OUEST FRANCE
Maison d’arrêt de Caen : La CGT alerte sur la surpopulation carcérale
Version imprimable Ouest France du 22 juin 2016 – nouvelle Maison d’Arrêt
Radicalisation
RUE89 STRASBOURG
Radicalisation en prison : les conseillers d’insertion cherchent leur rôle
Les plans de lutte anti-terroriste du gouvernement prévoient, entres autres, d’agir dans le milieu pénitentiaire. Les Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP) se voient dotés d’agents supplémentaires, dédiés à cette question. À Strasbourg, les conseillers ont encore du mal à s’y retrouver.
Par Déborah Liss publié le 16/08/2016 à 06h00
Lien sur l’article du 16 août 2016
BFMTV
Radicalisation: le suivi judiciaire des anciens détenus en question
Larossi Abballa, le meurtrier du policier et de sa compagne à Magnanville, a été jugé en 2013 pour avoir appartenu à une filière terroriste en direction du Pakistan. Sa radicalisation, décelée en prison, et son parcours remettent en question le suivi judiciaire des anciens détenus. Ce dernier souffre-t-il d’un manque de moyens ? – Avec: Ouisa Kies, sociologue à l’EHESS, spécialiste de la radicalisation. Et Delphine Colin, secrétaire nationale CGT insertion-probation. – Week-end Direct, du vendredi 17 juin 2016, présenté par François Gapihan, sur BFMTV.
LE FIGARO 17 JUIN 2016
Radicalisation : les agents du suivi judiciaire inquiets
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Le canard enchaîné du 8 juin 2016
Des agents doubles à la pénitentiaire
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L’HUMANITE
Cochez la case djihadiste
MEHDI FIKRI
MERCREDI, 13 AVRIL, 2016
Lien sur le site de l’Humanité pour lire l’article
Menacée de révocation pour avoir parlé dans l’Humanité !
Video Libertés syndicales journée du 27 mai 2016 La CGT insertion probation témoigne
LA CROIX
Détenus radicalisés, comment la prison compte les repérer
Marie Boëton, le 25/04/2016
Lien sur le site de La Croix pour lire l’article
I TELE
Une nouvelle grille de repérage pour détecter la radicalisation en prison
France – Publié le 27/04/2016
Lien sur le site d’I télé pour voir la Video
Interpellation aux abords des SPIP
Plusieurs articles reprennent le courrier de la CGT insertion probation adressé au Ministre sur les interpellations aux abords des SPIP:
Lire l’article de Ouest France